La vie nous rattrape toujours sur nos points de suffisances. C’est au moment où nous nous sentons les plus forts que nous sommes les plus vulnérables, et à l’endroit de notre puissance s’ouvre la brèche de nos impuissances.
La crise – les crises – marque assurément notre suffisance en même temps que nos insuffisances. Elle acquiesce de notre vaillance à organiser le monde et nous renvoie à notre toute puissance à vouloir le maîtriser.
Dans l’immense entreprise de nos actions pour croître, les crises apparaissent comme une dépression, comme un arrêt brutal, comme une chute. Mais toute histoire a une chute, une chute dans les deux sens du terme : une fin mais aussi un rebond. Ne parle-t-on pas de « la chute de l’histoire » ? Et, à l’instar de la chute l’histoire, la crise peut-elle laisser espérer un renouveau ? Tel un Aîku qui, en sa troisième phrase, se sort de son univers, la chute en termine avec le présent et ouvre sur un autre monde. Temps des crises*… temps des cerises.
Là où l’histoire finit, elle laisse la voix à d’autres. La crise offre ceci de passionnant qu’elle oblige à questionner les situations et penser nos conditions ; elle nous force à s’arrêter dans la course folle des actions entreprises pour « toujours plus de » ; elle nous offre une formidable occasion de confronter notre vision de l’avenir à un retour sur soi et ce que nous voulons.
Virginie Mandaroux 2010
* Michel Serres 2009