Ouvrons notre éventail de choix

Nous vivons dans un monde de plus en plus binaire, celui « du bien et du mal », dans lesquels nos choix et nos amplitudes d’actions se résument à une succession d’alternatives.

Nous l’observons dans la société : l’étiquette que nous apposons sur les gens, les groupes, les situations n’a que deux faces. Nous l’observons dans toutes les professions, dans tous les corps de métiers, y compris ceux qui sont censés apporter une richesse à nos points de vue : les politiques et les médias non seulement n’y échappent pas mais ils mènent le LA en la matière et portent le flambeau de ce cortège… mortifère.

Mortifère, car la binarisation de la société appauvrit et dessèche notre pensée et limite nos actions : tu es pour ou tu es contre, tu dis oui ou tu dis non, tu restes ou tu t’en vas, tu choisis ton camp ou tu meurs, etc.

Ce n’est plus seulement notre pensée qui devient binaire, c’est notre monde qui se binarise. Le monde binaire c’est la binarisation de la pensée binaire.
Avec la pensée binaire, tu es pour ou contre, mais si tu ne choisis pas alors tu sors de cette logique et tu es libre. Dans le monde binaire, si tu sors de cette logique tu n’existes plus. Un peu comme dans cette série des années 70, Le prisonnier, tu reviens à la case départ à chaque fin d’épisode. Impossible de sortir de ce monde.

Le monde binaire c’est le propre des dictatures. Si tu ne prends pas ta carte au parti tu es mort. Nos sociétés démocratiques se dictaturisent. Nous pensons être en démocratie et vivre les valeurs qui s’y rattachent, mais nous entrons peu à peu dans une ère de la « pensée binaire sinon rien ». Nos démocraties sont en train de se réduire à des démocraties politiques ; et la société entière s’engouffre dans ces rivalités et ces duels de la pensée et du quotidien.

Les réseaux sociaux renforcent ce monde sans nuance. Les politiques, les médias, les influenceurs plongent dans la société binaire : ils suivent pour ne pas être en reste puis ils prennent les devants pour garder la tête haute et un peu de pouvoir d’influence. Mais ne nous y trompons pas, le vrai pouvoir est celui de la vague collective de la pensée binaire qui déferlent sur nous tous.

La pensée unique et la pensée binaire sont sœurs jumelles : elles vont de pairs et s’auto-entretiennent. La pensée binaire est une pièce à deux faces, dont l’une est la pensée unique. Et l’autre ? Je vous laisse deviner.

Si j’avais un combat à mener, ce serait de lutter contre la binarisation de la pensée et du monde.

J’aide les dirigeants à sortir de la pensée binaire qui enferme nos choix dans l’alternative.
Je les aide à remettre du relief dans le paysage de notre perception de la réalité.
Je les aide à considérer la complexité des individus, l’ambivalence des sentiments, la richesse des situations et des interactions pour ouvrir sur d’autres ressources, d’autres manières de faire, d’autres pistes d’action. Ouvrir notre éventail de choix.

Virginie Mandaroux – 13 février 2022

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