Les commentaires sur les réseaux sociaux battent leur plein. Les gens sont inquiets, désespérés, « c’est la fin du monde ». C’est aussi ce que j’ai ressenti à 5 heures du matin lorsque j’ai allumé mon téléphone pour avoir les news.

Evidemment la victoire de Trump aux élections est la victoire des messages qu’il a portés pendant sa campagne : une Amérique forte (Make America great again), une opposition au système, aux élites. C’est aussi la victoire de l’homme flamboyant et grossier.

Et pourtant Trump a du talent. Oui, oui, cherchez bien vous trouverez !

Plutôt que de se plaindre et de larmoyer autour du vilain, je vous propose de prendre la nouvelle de son élection comme une donnée et de vous poser les bonnes questions.

Question N°1 : Un horrible personnage peut-il être un bon président ?

C’est une vraie question, pas une pirouette. Je ne plaisante pas. Nous devrions tous nous posez la question : en quoi Trump, son symbole et ses supposées futures actions pourraient 1. Servir l’Amérique 2. Servir ses alliés, notamment l’Europe 3. Servir le reste du monde.

Trump a fait ce qu’il savait faire : vendre. Et il a montré qu’il est le plus fort à ce jeu là. Il faut maintenant qu’il fasse ce qu’il n’a encore jamais fait : gouverner. Le show est terminé. Le « job » commence aujourd’hui. A quoi et en quoi ses talents de vendeur vont-ils servir ?

Question N°2 : Quelles leçons Donald Trump est-il en train d’apprendre ?

Mon pari est qu’il est en train d’apprendre l’humilité.

Jusqu’à aujourd’hui son champ de vision tournait autour de : Tout est possible et j’y arriverai. Aujourd’hui il y est arrivé. Il va devoir apprendre l’humilité. L’Amérique, c’est maintenant.

Mon autre pari est qu’il est en train de tomber de son pied d’estale paranoïde.

Il s’attendait déjà à sa défaite et la devançait : « tout est truqué : les élections, les bureaux de vote, la justice trop clémente envers Hillary, etc. ». Il va lui falloir se trouver un autre mode névrotique. L’obsession, l’hystérie, un cumul des 3 ? Les paris sont ouverts. Dans tout les cas, il va opérer un changement, et cela est tout à son honneur.

Enfin, il va trouver encore plus grand que l’Amérique : le monde.

Il va devoir apprendre la diversité et le complexe, lui qui avait ce talent de faire au plus simple, de penser au plus simple, de gagner au plus simple, de séduire au plus simple, de parler au plus simple. Aujourd’hui son challenge va être d’accueillir les différents éléments de chaque situation avant de décider. S’il y arrive, chapeau !

Si vous voyez d’autres leçons que Donald Trump est en train d’apprendre écrivez-moi.

Question N°3 : Quelles couleuvres Hillary Clinton est-elle en train d’avaler ? Et avec elle un certain nombre de femmes ?

Celles de toujours. C’est une histoire de femme bafouée, sur plusieurs générations. Elle a vu sa mère rabaissée par son père (sa mère a donc mis ses espoirs en Hillary), elle a été elle-même salie par son mari, puis rejetée à plusieurs reprises par les Américains.

Une femme brillante, téméraire, intelligente a perdu plusieurs fois et sur plusieurs fronts. L’impopularité est tenace. Est-ce une question de personnalité ? Pas que. Elle porte un fardeau et n’est pas encore parvenue à s’en décharger.

Les qualités et le talent ne payent pas toujours, ils peuvent même être une contrainte pour le succès. L’intelligence, l’éducation, la subtilité ne sont pas une condition suffisance pour être au pouvoir, ni même une condition nécessaire. Ils peuvent être une condition pour l’exercer. Peut-être ! Mais ça c’est une autre histoire. Et cette histoire commence aujourd’hui avec Trump.

Des premières images de l’élection ce matin du 9 novembre 2016, me reste une image en particulier, une image que les médias, trop occupés, ne commentent pas : ce petit garçon au côté de Donald Trump lutte avec vaillance contre le sommeil, il s’en pince même, il a la lourde tâche de bien se tenir. Ce petit garçon est, selon moi, à l’image de Trump : Trump se tient aux côtés de l’Amérique, l’immense Amérique, celle qu’il a défié et qui maintenant le met au défi de gouverner.

Car Trump a sa manière bien a lui de créer des relations : il met au défi et il en lance à tout va. La vie pour lui est un défi, une succession de défis. Son père le lui a enseigné, inculqué. Son frère a choisi le suicide, lui l’Amérique.

Ce matin les chefs d’état (sauf un : guess who !) espèrent « un dialogue constructif » (Vladimir Poutine), attendent des « liens forts » (Theresa May), « une coopération étroite » (Angela Merkel). Ils accueillent les résultats des élections américaines de manière rationnelle, l’émotion ne jaillit pas. Trump également semble s’emparer du rationnel.

Il a changé son discours : unification de l’Amérique, félicitations à Hillary, remerciements à son équipe, aux supporters, aux électeurs, messages d’apaisement envers les autres pays. La culture américaine est là : après la lutte, l’accolade. Mais son discours aujourd’hui est si différent des précédents que l’on peut faire l’hypothèse qu’il a déjà entamé son changement.

A vous de jouer Donald Trump. Le boulot commence maintenant !

Virginie Mandaroux

9 novembre 2016

 

Share This